GENEVIÈVE MORIN, PDG D’ANGES QUÉBEC CAPITAL
« Le milieu financier a besoin de diversité »

Vous êtes-vous heurtée au plafond de verre durant votre carrière ?

J’ai eu la chance d’effectuer mon parcours professionnel dans des organisations où être une femme ne m’a pas empêchée de prendre des responsabilités. Depuis mes débuts, il y a eu beaucoup de progrès grâce aux efforts des gouvernements qui ont fait des efforts pour avoir des conseils d’administration paritaires. Cela a contribué à ce que j’arrive au conseil d’administration d’Investissement Québec.

Quels secteurs doivent s’ouvrir davantage ?

On trouve peu de femmes comme Andrée-Lise Méthot, la fondatrice de Cycle Capital Management, parmi les associés et des investisseurs dans les fonds privés de capitaux de risque, surtout technologiques. C’est un milieu qui rassemble surtout d’anciens entrepreneurs et des ingénieurs… qui sont souvent des hommes dans les deux cas.

Qu’ont à gagner les organisations en faisant davantage de place aux femmes ?

Quelle organisation a les moyens de se passer de tous les talents et de toutes les bonnes idées ? Les conseils d’administration composés uniquement d’hommes blancs de la même génération devraient faire l’effort de se poser la question. La diversité, pas seulement celle liée au sexe, amène des points de vue différents, ce qui conduit à proposer des solutions différentes et innovantes. La diversité évite d’avoir des angles morts, qui empêchent de voir des risques ou des opportunités.

Quels conseils donnez-vous aux femmes actives dans le milieu des finances ?

Si elles ont un intérêt à siéger à un conseil d’administration, elles doivent en parler autour d’elles. Je suis encore étonnée, quand on propose à une femme de siéger, de l’entendre répondre avec hésitation : « Pourquoi avez-vous pensé à moi ? » C’est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Mais c’est en train de changer !

Qui devrait aujourd’hui bénéficier davantage de l’ouverture à la diversité ?

Nous devons faire davantage de place aux jeunes. Nous devons leur faire confiance. Cela contribuerait à élargir la vision en finance. Nous devons leur donner la possibilité de prendre des dossiers importants. C’est comme cela qu’on apprend : on se trompe, on s’en rend compte, on demande de l’aide, on réessaie et on avance !

Nommée PDG d’Anges Québec Capital il y a deux mois, quel regard portez-vous sur les anges investisseurs ?

Les anges ont un rôle essentiel dans le monde des affaires au Québec. J’ai connu l’époque où les entrepreneurs vendaient leur entreprise et partaient s’acheter un bateau en Floride. Aujourd’hui, les entrepreneurs aident les gens autour d’eux qui démarrent des entreprises. Ils mettent de leur argent et de leur temps. Anges Québec Capital accompagne ses 230 anges investisseurs dans ce soutien aux entrepreneurs en ajoutant du financement.

Quel est votre premier défi à la tête d’Anges Québec Capital ?

Nous sommes en collecte de fonds pour amasser 30 millions de dollars. Notre premier fonds, de 86 millions, date de 2014, et les sommes sont maintenant investies dans une cinquantaine d’entreprises. Un fonds comme le nôtre reste en moyenne 12 ans, le temps de créer quelque chose de durable. À présent, pour continuer à investir, nous devons créer un deuxième fonds, en attendant de récupérer les capitaux investis.

Qui est Geneviève Morin ?

Titulaire d’un MBA en finance de HEC Montréal et d’un baccalauréat Honours en sciences économiques de l’Université Concordia.

Après avoir occupé différents postes chez Desjardins, elle se joint à Fondaction en 1996, où elle devient chef de l’investissement.

Elle a coprésidé le Réseau Capital.

PDG d’Anges Québec Capital depuis février 2019.

Membre des conseils d’administration d’Anges Québec, d’Investissement Québec et de la Canadian Venture Capital Association.